Le public cible

À qui destinez-vous votre livre ? Une question qui concerne l’écriture des essais comme celle des romans.

Sommaire
de cette page :

Écrire, c’est communiquer.

On ne s’adresse pas à un enfant comme à un adulte, à un artiste comme à un technicien, etc.

Les règles élémentaires de la communication nous imposent d’adapter notre langage au « public-cible » que nous visons. Mais pour que notre livre soit compris et apprécié, nous ne pouvons pas nous limiter à un choix de vocabulaire particulier : chaque milieu social, chaque secteur technique, pédagogique, scientifique et politique représente une microculture qui véhicule des schémas de pensée spécifiques. Rien ne nous oblige à abonder dans le sens de la « pensée unique » propre à chacune de ces sociétés, mais nous devons la connaître sous peine de déclencher des réactions imprévisibles chez nos lecteurs.

Le piège principal de la communication consiste à croire que tout le monde est comme soi et que tout le monde pense comme soi. Il explique la plupart des échecs concernant, par exemple, la publicité et la politique. Ce n’est pas parce que nous partageons nos croyances avec les vingt personnes qui représentent notre entourage immédiat et avec les dix derniers auteurs de livres que nous avons choisi de lire, que le reste du monde est d’accord avec nous.

Écrire un roman pour un public particulier

L’âge et l’origine sociale de vos personnages principaux conditionnent votre public-cible. Si vous écrivez un livre pour enfants, votre héros ou votre héroïne doivent avoir le même âge que le public auquel vous vous adressez. Si vous écrivez pour le grand public, faites en sorte que vos personnages viennent d’un milieu social ordinaire et que leurs parents soient monsieur et madame Tout-le-monde. Même si votre héros est devenu un brillant financier ou un aventurier téméraire, dotez-le d’un frère ou d’une sœur tout ce qu’il y a de plus ordinaire (voire alcoolique ou drogué(e)). Cela permettra à vos lecteurs de s’identifier plus facilement à vos personnages.

Cela dit, la littérature comporte de nombreux contre-exemples à cette convention. Comme je le dis dans l’introduction à ce chapitre, le talent consiste souvent à enfreindre les règles ! Encore faut-il bien les connaître pour les contourner avec brio.

Pourquoi publier un essai ?

« J’écris pour moi, pour moi seul, comme je fume et comme je dors. »

Gustave Flaubert 

Même dans le cadre d’un essai, écrire est un acte thérapeutique qui a parfois besoin d’une stricte intimité.

Pourquoi publier votre essai ? 

Une révolution (même mineure) représente un coût économique et psychologique considérable pour une société. Elle n’y consentira que si elle estime que le rapport gain/perte est suffisamment avantageux. Même si vous pensez que votre vie pourrait être nettement plus agréable en abandonnant l’exploitation du pétrole et du nucléaire, cela n’est pas forcément le cas de tout le monde. Il est inutile de chercher à convaincre vos lecteurs, si vos idées s’avèrent en réalité néfastes pour leur qualité de vie. En d’autres termes, votre thèse ne vous attirera que des critiques et des colères si vous n’avez pas commencé par explorer minutieusement son intérêt pour les autres, pour tous les autres, sans rester dans la zone de 50 cm qui entoure votre nombril.

À lire également sur le même thème :

Le lecteur imaginaire

Imagine que tu t’adresses à quelqu’un en particulier, à quelqu’un que tu connais et que tu apprécies. Une fois que tu as choisi cette personne, parle-lui, oriente tout ce que tu écris en fonction d’elle.

Cette proposition permet de garder les pieds sur terre, de pratiquer un ton plus amical et d’abandonner le ton professoral qui vient naturellement à tout auteur d’essai débutant.

Dans la mesure où un essai consiste à étaler ses idées et ses connaissances, il est facile de se prendre pour une star omnisciente qui détient une vérité indiscutable sur chaque sujet. Si vous vous imaginez devant un pupitre entouré d’un public admiratif et ébahi par votre éloquence et votre lucidité, vous vous rendez la tâche très difficile. Écrire pour un ami respecté et prompt à vous reprendre quand vous vous égarez, est certainement une meilleure idée.

Lewis Carroll a écrit Alice au pays des merveilles en s’inspirant des contes qu’il avait imaginés pour les trois filles de l’un de ses amis. Cette histoire fut d’abord écrite pour les adultes avant d’être réadaptée en direction d’un jeune public. Malgré cet étrange parcours, quand je relis ce conte, il me semble toujours entendre un père racontant une histoire à ses enfants pour les endormir et leur proposer des rêves fascinants. Les exemples de ce type fourmillent dans la littérature.

Le fait de vous choisir un lecteur imaginaire représentatif de votre public-cible, vous permettra d’adopter instinctivement le ton juste et de choisir le vocabulaire correspondant à votre futur lectorat.



À lire également :

Les bases


  • Les bases : Comment écrire une bonne histoire (et comment bien faire l’amour).
  • Histoire, intrigue, espoirs et peurs  : Qu’est-ce qui différencie l’histoire et l’intrigue ? Comment construire l’intrigue ?
  • Idées et fiction : La fiction a besoin d’idées, mais pas seulement…
  • Savoir couper : Il est essentiel de savoir gérer le sentiment de perte que représente la suppression d'une partie de texte.
  • Les personnages : Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Vos personnages sont-ils des imbéciles ?
  • Le voyage initiatique du héros : D'un certain point de vue, tous les romans nous parlent du passage de l'innocence à l'expérience.
  • Le public cible : Écrire, c’est communiquer. Votre langue est-elle adaptée à votre cible ?
  • Faites court ! : L’échec du premier roman est un processus parfaitement normal en littérature. Ne faites pas de cette étape une tragédie insurmontable !
  • Vive les bêta-lecteurs ! : Vous pouvez considérablement améliorer votre manuscrit en le faisant critiquer par vos connaissances.

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